vendredi 29 août 2008

Les fournisseurs-concurrents et les autres

Voici un billet intéressant du blogue Global Watchtower de la société-conseil Common Sense Advisory.

On y lit que les fournisseurs de services linguistiques — c’est-à-dire nous, les langagiers et particulièrement les cabinets de langagiers — sont craintifs à l’idée d’acheter des outils de gestion auprès de concurrents. SDL/Trados est l’exemple cité par l’auteur, mais il en existe plusieurs autres. D’ailleurs, il n’est pas surprenant que les langagiers eux-mêmes aient été les premiers à vouloir mettre au point des outils qui correspondent à leurs besoins. Par contre, je suis convaincu qu’un moment arrive où l’entreprise doit se scinder en un cabinet de traduction et un développeur de logiciel afin de bien desservir ces deux clientèles.

Un des billets précédents du même blogue, à propos de l’outil Google Translation Center, m’a porté à réfléchir sur une utilisation possible de cet outil par les entreprises pour la gestion de projets plutôt que pour la traduction proprement dite, qui serait laissée aux soins de quelques traducteurs chevronnés. J’ai bien hâte que Google le publie enfin, que l’on voie de quoi il en ressort vraiment.

Par ailleurs, j’ai commencé à travailler récemment avec un client qui utilise Beetext Flow pour acheminer les projets à ses pigistes et Find pour partager les bitextes par Internet. En tant que pigiste, je les ai trouvé plutôt conviviaux. J’aurais cependant aimé qu’ils fonctionnent avec Safari sur Mac...

Et vous, ça vous inquiète de dépendre de vos concurrents?

jeudi 14 août 2008

Honnêtement...

Je ne sais même pas quoi dire : Houston Translation Services. Aux États-Unis... en anglais! Devant l’absurdité même de la chose, je me demande si je ne dois pas simplement en rire. Un rire triste...

Vivement le vouvoiement!

Samedi, toute la famille est passée chez le coiffeur. Notre coiffeuse, une Française récemment immigrée, à l’emploi d’un Français immigré de plus longe date, nous a parlé de sa relation difficile avec le tutoiement depuis qu’elle est au Québec. Elle vouvoie son patron, même si elle tutoie sa femme, une proche amie. Elle suit des cours où le prof, Mélissa, lui a demandé de la tutoyer; lorsqu’elle a poussé la familiarité jusqu’à l’appeler « Mel », elle s’est fait corriger. Retour au vouvoiement, qu’elle trouve plus confortable. Elle vouvoie tous ses clients, sauf les enfants.

Il est d’ailleurs intéressant d’observer, lors des activités de l’Ordre, qui a tendance à vouvoyer et qui à tutoyer. En fait, c’est un des milieux que je connaisse où on se vouvoie le plus, ce qui m’a fait reprendre l’habitude de le faire. Beaucoup de gens semblent trouver cela loufoque, surtout les jeunes qui me servent dans un magasin, par exemple. Mais j’aime bien marquer ainsi une différence entre la sphère publique et la sphère privée. Et puis avec les gens qu’on vouvoie par respect, le passage au tutoiement marque une évolution dans la relation, ce qui n’est pas sans plaire.

Voici un article intéressant à propos du vouvoiement en entreprise. J’aime particulièrement ce passage :
Cette rupture s’est combinée avec un mode de management d’entreprise inspiré du monde anglo-saxon, précise Jean-Pierre Le Goff. On y vante la proximité, le challenge collectif. Tous les salariés sont mis sur le même plan d’implication. Dans l’imaginaire, tous sont censés devenir autonomes et responsables…

« Dans l’imaginaire » : c’est la difficulté que j’ai souvent à traduire les textes de motivation du personnel. Si l’idéal recherché de collaboration d’égal à égal ne cadre pas du tout avec la véritable structure hiérarchique de l’entreprise, on cherche à faire de l’équipe une « gang de chums » où les pairs servent à la fois de soutien et de surveillant. Autrement dit, il y a brouillage de la hiérarchie afin d’imposer une internalisation des principes de contrôle (me faudrait relire Foucault, tiens).

Ce brouillage est facilement exploitable en anglais, où la langue n’a pas ce marqueur qu’est le français. Nous somms chanceux d’avoir, dans la langue de Molière, ce moyen de démarquer plus clairement les sphères professionnelle et personnelle.

Alors vouvoyons sans hésiter, c’est pour notre propre bien!

mardi 5 août 2008

Productivité sur Mac : MAJ-Cmd-ù

J’aime les raccourcis clavier. Ils permettent de travailler rapidement, sans avoir à utiliser la souris.

MacOS X propose plein de raccourcis utiles. Par exemple, j’aime bien utiliser Cmd-Tab pour passer d’une application à l’autre. C’est particulièrement utile pour copier du texte traduit dans Word et le coller dans Illustrator, par exemple.

Mais voilà, un raccourci m’a échappé longtemps : Cmd-'. Sur un clavier USA standard, ce raccourci permet de passer d’une fenêtre à la suivante au sein d’une même application. Oh combien de fois ai-je essayé de trouver l’équivalent sur mon clavier « Français canadien - CSA »!

Hé bien, c’est fait. Tout à fait par hasard, j’ai fait la combinaison en rubrique et voilà! Je passe allègrement d’une fenêtre à la suivante. J’aime particulièrement, dans le Finder, être en mesure de sélectionner les fenêtres actives et le Bureau tour à tour.

Et maintenant, à vous d’essayer : vous ne pourrez plus vous en passer!

lundi 4 août 2008

Google, agence de traduction?

Voilà que Google se lancerait dans le lucratif marché de la traduction humaine.

D’après Google Blogoscoped, le géant s’apprêterait à faire son entrée comme intermédiaire entre demandeurs et traducteurs, mais également comme fournisseur d’outil, avec une interface de travail par segment. L’article montre des saisies d’écran, ce qui est utile, puisque les liens fournis ne mènent nulle part. Le projet n’étant encore qu’à l’étape des essais, Google a vite fait de le glisser sous le tapis une fois découvert. À suivre.

Mais voilà que les commentaires fusent déjà.

Dixit l’article de Blogoscoped cité plus haut : « In that regards, the service is in the field of sites like Click2Translate.com (a service by the company which Tony works for, incidentally, and which I’m often using for some of my sites). » Je crois avoir vu certains de ces sites...

On en parle également ici et ici. Beaucoup de questions sans réponses.

L’auteur du blogue Another Word réagit déjà à la nouvelle :
D’un point de vue professionnel, il est légitime de se demander quels seront les avantages et les inconvénients pour les traducteurs et agences de traduction. Comment seront appliqués les tarifs, la qualité et les délais ? Comment seront sélectionnés les traducteurs ? Comment seront exploitées les traductions ?

La question de l’exploitation est particulièrement importante en vertu du fait que l’interface de l’outil en ferait un moyen privilégié d’alimenter Google Translate, l’outil de traduction automatique du géant. Attention aux textes confidentiels!

En ce qui me concerne, l’aspect le plus intéressant de cette nouvelle tient au modèle commercial que Google a choisi de copier, soit celui de SDL Trados. Il est clair que quelqu’un chez Google a fait un peu de recherche et remarqué qu’on pouvait être à la fois agence de traduction et fournisseur d’outils aux traducteurs. Et que l’outil le plus répandu faisait justement partie d’un tel écosystème. Google viserait-elle à détrôner le poids-lourd du marché qu’elle ne ferait pas mieux : elle fournit au traducteur une mémoire de traduction gratuite (qu’elle saura sans doute exploiter au maximum); et elle automatise tout le travail de gestion des projets. Le fait que personne ne se soucie de la qualité est passé sous silence, bien entendu, Google se déchargeant de toute responsabilité pour le produit fini.

Voilà un domaine où le traducteur professionnel, obligé à engager sa responsabilité, détient encore un petit avantage auprès du client averti.